GÂCHIS REYNOLDS
Suppression des 256 postes de production sur le site de l'usine Reynolds de Valence qui fabriquait les stylos REYNOLDS (filiale du groupe Newell Rubbermaid). Ce blog tient une chronique, depuis Septembre 2005, des évolutions constatées dans la société, de la fermeture de l'usine et de l'après. Pour surfer, utilisez Firefox, un bon navigateur libre ! Powered by Blogger Fil de news. Lien copier-coller dans votre lecteur de news. |
03 juin, 2006Ethologie et Cie...
Cette science s'occupe principalement de l'étude du comportement des animaux. Débarrassé de ses oripeaux culturels, le comportement humain peut être expliqué, en partie, avec les notions basiques de faim, de sauvegarde, de peur ou de fuite. On reverra avec profit le film mon oncle d'Amérique à ce propos. C'est particulièrement vrai dans les situations extrêmes. L'éventualité de la fermeture du site industriel de Valence permet d'observer de ces comportements de façon plus nette encore. Pour une fois, on est effectivement tous dans le même bateau, mais certains s'imaginent être aux commandes. Quelle naïveté, mais aussi, quelle petitesse si on se laisser aller à porter un jugement de valeur. Mais ce n'est pas vraiment une nouveauté ; les camps de concentration avaient leurs kapos, souvent d'ailleurs, recrutés parmi les criminels de droit commun. Ce dernier point suggère d'ailleurs une certaine proximité psychologique entre ceux qui tiennent (ou s'imaginent tenir) le gros bâton du libéralisme économique et le vulgaire voleur de sac à main (faiblesse de caractère, avidité, attrait de la facilité, courte vue). Pourtant, des comportements altruistes, issus de la sélection naturelle, existent. Il est notamment démontré que l'épinoche (petit poisson de nos rivières) est capable de sacrifice individuel, en jouant les éclaireurs, pour augmenter les chances de survie du groupe à l'approche d'un prédateur. Il est évidement peu probable que ce comportement soit conscient (qu'est ce que la conscience pour l'épinoche ?), mais il existe bel et bien. Cela signifie donc que la nature, par ailleurs sauvage et cruelle, a estimé que ce comportement était, à long terme, rentable pour la sauvegarde de l'espèce. Cela signifie aussi que ceux qui justifient à leurs propres yeux (il faut toujours pouvoir se regarder dans la glace sans se dire « je suis un salaud » ou « je suis une méchante fille » sous peine de graves déséquilibres mentaux) un comportement égoïste de trahison du groupe en se disant que, ma fois, c'est la loi naturelle, les plus forts gagnent ; n'ont absolument rien compris et, se trompent. La vérité, c'est que c'est injustifiable. La vérité est qu'ils ont moins de cervelle qu'un petit poisson d'eau douce. Assez logiquement d'ailleurs, le manque de solidarité avec le groupe (pris dans un sen générique) se retrouve plus souvent chez des individus arrivés récemment (dans le groupe) et, pour une raison ou pour une autre, se sentant faiblement intégrés et impliqués dans ce groupe (comme par exemple lorsqu'ils dépendent juridiquement d'une autre société que celle dans laquelle ils interviennent, ce qui fait la fortune des cabinets de consultants ; ou, car l'intégration professionnelle aussi, a ses règles, s'ils sont peu compétents). Alors s'appuyer sur une hypothétique loi naturelle pour justifier des idées et des actes réactionnaires ou la sauvagerie du libéralisme économique ne tient tout simplement pas la route. C'est pourtant ce qu'à tenté un philosophe anglais, au XIXeme siècle. Le résultat n'est pas très convainquant. Une lecture partielle autant que partiale de Darwin a, en effet, conduit Herbert Spencer à avancer le notion de Darwinisme social, souvent mise à contribution pour justifier les excès du libéralisme économique (Patrick Torr, spécialiste reconnu de Darwin, ne défend pas la notion de darwinisme social). L'erreur, dogmatique, consistant à voir dans un groupe une simple somme d'individus, en ne prenant pas en compte les interactions qui font qu'une société est plus que la somme de ses parties. Souvent, curieusement, ceux qui justifient leur comportement par le darwinisme social (ou quelque chose du même tonneau) ne connaissent pas Herbert Spencer comme j'ai pu le vérifier. Ce sont en quelque sorte des monsieurs Jourdain de l'ignorance. Simplement, voire simpletement, ils s'appuient sur des lieux communs qui sont à la reflexion ce que la photocopieuse est à la création littéraire. Ils moutonnent de l'individualisme. Alors, s'il n'y a pas justification intellectuelle, par quoi sont motivés nos laquais du capitalisme (j'adore cette expression connotée !) ? Qu'est-ce qui les fait courir ? La peur ? Le désir de plaire aux puissants (une autre forme de peur) ? L'appât du gain ? La volonté de faire le mal (je n'y crois pas trop car cela suppose une pensée préalable et surtout farouchement indépendante) ? A moins qu'ils ne fassent qu'obéir, finalement, qu'aidés peut être d'une prime destinée à faire tomber les derniers tabous, il ne soient que des exécutants. Des exécutant assez minables finalement, car sans fierté (comment être fier de fermer un site de production ?). Je fais partie de ceux qui aiment être fier de ce qu'ils font avec les cartes que le hasard a distribué (il est vrai aussi que cela m'éloigne de la modestie, vraie ou fausse !). Heureusement (on va me taxer de manichéisme mais la situation est assez binaire !), après un premier tract d'alarme, la CFDT continue et lance ce qui ressemble à une procédure d'alerte. Cela devient assez serieux. Voilà au moins un exemple de comportements dont les motivations vont a delà de l'individu. Des personnes, nombreuses, adoptent donc des comportements destinés à augmenter les chances de survie du groupe dont elles sont solidaires. Évidement, dans un cas comme dans l'autre, le choix est en partie guidé par différents déterminismes, certes, mais pas seulement (voyez que je ne suis pas manichéen), et il importe, en toute conscience, de faire le bon. A propos de choix. Faut-il ou non partir donner coup de main technique en Tunisie et en Inde ? Voilà un choix qu'il est pas facile. Je me rerépète, mais, actuellement, une assistance technique à la Tunisie et à l'Inde tue le site de Valence. Est-ce que c'est bien compris ? Paumez votre passeport, jetez le au Rhône, ratez votre avion, que sais-je encore, mais ne partez-pas. Vous n'y gagnerez rien à court ou à long terme et vous contribuerez à tuer le site de Valence. Evidement, question comportement, je suis tout aussi concerné, et, sous la logorrhée, se dissimule la peur bien sûr, mais aussi une colère, une grande colère. Pour ce qui est du regard qui illustre ce billet, je ne sais pas vous, mais j'y vois plus d'humanité que dans un regard de laquais du capitalisme. posté par
DiogenePasCynique le 3.6.06.
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4 Commentaires:
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mais pas mal de détresse aussi (je parle du regard) - un peu de perplexité ?
moi j'y vois aussi une certaine curiosité, probablement pour les grimaces et la cacaphonie du genre humain...Ton étude du petit poisson d'eau douce est très interessante, ( quoique nous sommes plus concernés par les poissons carnassiers que par le gentil épinoche). Mais par contre comment est choisi le poisson sacrifié ? se choisit-il tout seul ou bien le groupe le désigne-t-il ? Je crains fort qu'il n'ai en fait pas le choix. Pour en revenir aussi à ton anlyse du groupe lorsque tu écris je te cite "L'erreur, dogmatique, consistant à voir dans un groupe une simple somme d'individus, en ne prenant pas en compte les interactions qui font qu'une société est plus que la somme de ses parties." est complètement vrai, et c'est souvent pour ça que l'on se heurte à "la résistance au changement". Parce que proposer un changement quelqu'il soit dans une organisation de travail par exemple, doit tenir compte d'une part de la personne, son histoire, ses particularités physiques et mentales, mais surtout du réseau mis en place par le groupe ou le collectif pour fonctionner ensemble de façon cohérente et vivable pour chacun. Mais cela serait faire trop de cas de l'existant et une part trop belle à la "parole" des salariés ( si l'on parle de ce qui se passe dans l'entreprise par exemple)... Dommage...
Hou Hou casdeconscience, où es-tu ? on t'entends plus tout à coup étonnant non ?
Pour répondre à Ella, je ne sais pas comment les epinoches decident de qui doit prendre des risques. Ce que je sais, c'est que des systèmes simples parviennent à des comportements complexe. Voir Le jeu de la vie, un automate cellulaire, pour encore plus d'infos.Bien sûr, la réalité doit être plus subtile encore...